Images sonores

Images sonores: un texte de Claire Moeder dans Rats de ville sur mon exposition Crash à la Maison de la culture Frontenac jusqu’au dimanche 3 mars 2013.

L’espace d’exposition de la Maison de la culture Frontenac est un espace à part. Sous-sol théâtral, il offre de vastes salles striées par la lumière où il n’est jamais aisé d’y poser ses œuvres. Si elles gagnent souvent en intensité dramatique grâce à l’éclairage et à la forme solennel du lieu, les œuvres peuvent perdre par la même occasion en simplicité. Le défi de l’artiste est donc d’occuper un espace fort sans perdre de vue son travail original.

Vue d’ensemble
Les photographies de Sébastien Pesot gagnent sans conteste à être présentées dans ce cadre. À la manière d’un miroir déformant, l’exposition accentue la teneur abstraite de chacune de ces images, au point que leur rapport avec la musique –fil rouge de sa pratique- se retrouve avec surprise à l’arrière-plan.
Sébastien Pesot a rassemblé quelques reliquats de sa pratique musicale : des cymbales, un jeu de batterie. Si la musique se trouve à l’origine de sa création, le photographe prend rapidement le pas sur le mélomane. Avec la série Crash, l’artiste retourne aux origines de la photographie : il est ici question de lumière plus que de son, de capture photosensible plus que de vibration sonore. Le rapport avec la musique se fait plus discret.

Les cymbales sont cadrées au plus près et produisent alors un jeu de reflets et de variations lumineuses. En photographiant le détail de leur surface, Sébastien Pesot modifie la façon d’appréhender les cymbales, les ramenant à des formes silencieuses. À exercer son œil sur les lignes creusées des cymbales, le spectateur pourrait naïvement les associer à un montage numérique, à une photographie-satellite ou encore à une surface observée au microscope. Sur le mur, leur forme circulaire et répétée devient unpattern géométrique. Elles nous conduisent sans conteste vers l’abstraction.

L’accrochage dramatique accentue la portée abstraite des photographies : placées les unes à côtés des autres, les images semblent se vider de leur contenu et devenir génériques. Les traces de leur utilisation en tant qu’instrument -fissures, bosses et déformations- sont encore visibles, mais elles s’atténuent. La vue d’ensemble de l’exposition donne un tour résolument géométrique à ces images.

Moins énigmatique, l’œuvre vidéo Instrumentalisation présentée pour la première fois a une posture beaucoup plus explicite à la musique. Le montage de trois écrans juxtapose des vues désynchronisées de l’artiste utilisant son propre corps comme instrument. Le lien entre le son et l’image est immédiat, a contrariodes œuvres alentour. Instrumentalisation offre un portrait vivant autant qu’une performance musicale très simple, au registre teinté d’humour qui énergise les images fixes de l’exposition.

http://ratsdeville.typepad.com/ratsdeville/2013/02/claire-moeder-sur-sebastien-pesot.html

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